Malgorzata Mirga-Tas
09.05.25 − 30.06.25

Małgorzata Mirga-Tas fait revivre des voix oubliées
Du 9 mai au 30 juin 2025, les visiteurs auront l'occasion d'admirer une intervention monumentale au sein de la collection permanente du Musée, réalisée par l'une des artistes contemporaines polono-romaines les plus renommées : Małgorzata Mirga-Tas. L'exposition, dont le commissariat est assuré par Wojciech Szymański, est co-organisée par l'Institut Adam Mickiewicz dans le cadre du programme culturel international de la présidence polonaise du Conseil de l'Union européenne.
Lors de cette exposition, une tapisserie monumentale (environ 425 x 600 cm), réalisée avec la technique caractéristique de Mirga-Tas, sera accrochée dans la galerie des tapisseries bruxelloises du XVIe siècle du musée. Avec cette intervention artistique, Mirga-Tas réécrit l'histoire de l'art en redéfinissant le rôle et la représentation de la communauté rom dans la culture visuelle européenne.
Un dialogue avec le passé
Małgorzata Mirga-Tas est connue pour son approche innovante des œuvres d'art historiques, ne se contentant pas de les citer mais les réinterprétant pour remettre en question la position marginale des Roms dans l'histoire de l'art européen. Elle l'a déjà fait avec, entre autres, des estampes réalisées au XVIIe siècle par Jacques Callot (Out of Egypt, 2021) et les fresques du Palazzo Schifanoia (Ré-enchanter le monde, Biennale de Venise, 2022). Son travail récent à la Galerie des Offices de Florence, où elle a créé une nouvelle interprétation de L'Adoration des Mages de Gentile da Fabriano, s'inscrit également dans cette tradition de réinterprétation artistique.
Réévaluation du patrimoine rom
Pour son intervention à Bruxelles, Mirga-Tas s'inspire de L'Histoire de Jacob, une série de tapisseries conçues par Bernard van Orley et réalisées dans l'atelier de Willem de Kempeneer au XVIe siècle. Il s’agit d’œuvres historiques extraordinaires dans lesquelles des femmes et des enfants roms ont été utilisés comme modèles, mais sans reconnaissance explicite dans l'histoire de l'art. En incluant ses propres œuvres dans cette série, Mirga-Tas place ces figures souvent ignorées au centre de la narration visuelle.
La nouvelle tapisserie remplace temporairement l'une des huit pièces originales de L'Histoire de Jacob et conserve la structure traditionnelle, y compris la scène principale, la bordure en trois parties et un cartouche avec du texte. L'imbrication de portraits contemporains de Roms, tirés des archives photographiques personnelles de l'artiste et de sa famille, avec les images historiques crée un dialogue dynamique entre le passé et le présent. Le récit biblique de L'Histoire de Jacob est ainsi transposé dans le contexte moderne et offre une perspective critique sur la politique contemporaine en matière de migration et de minorités au sein de l'Union européenne.
Une œuvre d'art qui émancipe
Cette intervention dans le contexte du musée bruxellois constitue une déclaration puissante sur la représentation des minorités dans l'histoire de l'art. Alors que le récit muséal original se concentrait principalement sur les artistes, les mécènes et les collectionneurs, Mirga-Tas donne maintenant un rôle central aux modèles roms représentés. Son travail est une forme d'émancipation, un acte artistique de réappropriation et un appel à une vision plus inclusive de l'art et de l'histoire.
Cette exposition est coorganisée par l'Institut Adam Mickiewicz et cofinancée par le Ministère polonais de la Culture et du Patrimoine National.
Achetez votre ticket